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OVNI 66 - Pyrénées-Orientales
divulgation
22 août 2025

Luis ELIZONDO au coeur d'une ufologie américaine sans limites ni aucun esprit critique

Luis Elizondo, l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours bipolaire

On a vu dans un article précédent que la situation ufologique aux USA s'est dégradée d'une manière incroyable depuis que des charlatans ont entrepris de pervertir le Congrès avec des croyances absurdes et un manque de données scientifiques à faire dresser la tête de n'importe quel esprit critique. Bienvenue au pays des "in God We Trust" !

Ce n'est pas dans mon habitude de focaliser sur un individu en particulier mais quand celui-ci contribue à la déliquescence de l'esprit critique et de la science au profit de la foi et du détournements de fonds publics, avec des répercussions mondiales sur un domaine précis, le tout, sur un biais d'autorité dû à son rang, je me permets un écart.  J'entends ici et là, des voix qui prétendent qu'une divulgation est en cours aux USA mais quand on suit depuis plusieurs années ce qu'il en est vraiment, on s'aperçoit qu'il n'y a pas grand-chose à divulguer. 

On va le constater, ce monsieur Luis eLIZondo (épelé volontairement avec un LIZ majuscule en hommage à l'acronyme judicieusement créé par Mike West pour désigner les cas ovni inclassables à cause d'un manque de données) n'en est pas à une Low Information Zone près... Beaucoup l'ont remarqué, il se nourrit d'informations mal documentées ou même complètement erronées !

Dans son livre "Imminent – Inside the Pentagon’s Hunt for UFOs", Luis eLIZondo avance de nombreuses affirmations extraordinaires : crashs d’ovnis, pouvoirs psychiques, enlèvements, implants, conspirations gouvernementales massives, sphères lumineuses, etc. Le problème, c’est qu’il n’apporte aucune preuve tangible, affirmant que tout est "classifié". La bonne affaire !

Mick West, un sceptique bien connu, a choisi de vérifier les passages où eLIZondo décrit quatre vidéos célèbres (Gimbal, GoFast, FLIR1 et Aguadilla). Ces séquences étant publiques et abondamment étudiées, elles permettent un fact-checking précis.
 

GIMBAL
GIMBAL

 

GOFAST
GOFAST

 

FLIR1
FLIR1

 


Or, Mick West constate que les descriptions d’eLIZondo sont truffées d’erreurs factuelles.

  • Gimbal : eLIZondo se trompe sur l’interprétation des modes infrarouges (il inverse chaud/froid), décrit un "halo" autour de l’objet qui n’est en réalité qu’un artefact optique, et affirme que les pilotes ont vu l’objet de leurs yeux, alors qu’ils ne l’ont pas observé visuellement.
  • FLIR1 (Nimitz/Tic Tac) : il attribue à tort une observation directe au pilote Chad Underwood, prétend que l’objet échappait aux verrouillages radar (alors qu’il était bien suivi), et déclare qu’il n’y avait pas de signature thermique, ce qui est faux.
  • GoFast : il décrit un objet "ovoïde", alors que la vidéo ne montre qu’un petit point flou. Il affirme que des années d’analyses ont été nécessaires pour comprendre l’effet de parallaxe, alors que la démonstration avait été faite dès le lendemain de la publication.
  • Aguadilla : il parle d’un hélicoptère poursuivant l’objet, alors qu’il s’agissait d’un avion. Il affirme que l’ovni "plonge dans l’océan", alors que le mouvement est explicable par le déplacement combiné de l’objet (probablement des ballons ou lanternes) et de l’avion.

Enfin, Mick West relève d’autres inexactitudes, comme une confusion sur les équipages de Fravor et Dietrich.

Sa conclusion : si les vidéos - pourtant au cœur du dossier ovni depuis six ans - sont décrites avec autant d’erreurs, cela jette une ombre sur la fiabilité du reste du livre.

Steven Greenstreet, lui, est journaliste américain au New-York Post et réalisateur de films.
Le journal New-York Post a vraiment très mauvaise réputation, c'est un journal peu crédible, sensationnaliste, plus proche du tabloïd que du digne journal d’information respectable. Cependant il faut reconnaitre que Greenstreet jouit d'un véritable talent pour expliquer les choses clairement, avec des sources vérifiables. Une de ses passions est de démystifier les histoires à dormir debout et en particulier les imposteurs / manipulateurs qui profitent de la crédulité des gens. Cela fait plusieurs années qu’il dénonce les agissements des clowns du paranormal et de l’ufologie qui gangrènent les institutions américaines au point d’obtenir des financements non justifiés basés sur les affirmations et croyances de quelques-uns au congrès et au Pentagone. L'épisode que je préfère est celui où il dénonce l'incroyable gaspillage d'argent autour du Ranch Skinwalker (voir la vidéo en bas de page).

Steven Greenstreet s’est amusé à lister les incohérences de Luis Elizondo qui se décrit comme un ancien employé du Bureau du Sous-secrétaire à la Défense pour le Renseignement (OUSDI) et ancien agent spécial du contre-espionnage de l'armée américaine (rien que ça !). Il a été entre 2017 et 2020, directeur de la sécurité globale et des programmes spéciaux au sein de l'entreprise "To the Stars". Avec tout ça, on peut facilement tomber dans le biais d'autorité n'est-ce pas ?

En 2017, Elizondo a rejoint l'organisation To the Stars Academy of Arts and Science et a dirigé avec Christopher Mellon, ancien sous-secrétaire à la défense de l'administration Bush et Clinton, la publication de trois vidéos réalisées par des pilotes de la marine américaine prises lors de l'incident OVNI du USS Nimitz et de ceux concernant l'USS Theodore Roosevelt.

Elizondo se dit "lanceur d’alerte" mais il s'avère que c'est une sorte de charlatan qui s’enrichit aux frais du contribuable américain ! Et ça marche ! 

Voici un petit historique des "manigances" d'Elizondo, dénoncées par Steven Greenstreet :

2017 - Elizondo est devenu célèbre après avoir affirmé qu'il avait été directeur d'un programme secret d'OVNI du Pentagone nommé AATIP. Rien de tout cela n'était vrai. Le Pentagone n'a jamais eu de programme UFO appelé AATIP et Elizondo n'en a jamais été son directeur.
Cette affirmation est très difficilement vérifiable, à prendre avec des pincettes (Note OVNI66).

2018 - Elizondo a présenté une fausse photo d'OVNI (CGI) lors d'une présentation sur son prétendu emploi lié aux OVNIs au Pentagone. Il a montré des images d'OVNI survolant le Capitole américain et a affirmé, "Ce que vous voyez ici sont de vraies photographies" mais les "photographies" étaient en fait de faux OVNIs (CGI) issus d'un film d'OVNI de 2005 et un scan de faux OVNIs issus d'une bande dessinée de 1954… Quatre jours plus tard, Elizondo a présenté des excuses. Vérifié

2019 - L'émission télévisée History Channel d'Elizondo a affirmé qu'une vidéo de la Marine montre un OVNI impressionnant"se déplaçant à toute vitesse" au-dessus de l'océan à environ 700 MPH (1100 km/h). Cette hypothèse a ensuite été démentie par la NASA et d'autres, qui ont démontré que l'objet ne se déplaçait qu'à environ 65 km/h. Il s'agissait probablement d'un simple ballon porté par le vent + un effet de parallaxe. Vérifié

2021 - Elizondo est allé sur CNN et a montré des documents "récemment déclassifiés" de la "CIA" sur un OVNI "Tic Tac" dans les années 1950. Ces "nouveaux" documents ont, en fait, été publiés en 1978 et n'étaient que des coupures de presse d'un journal suédois sur le ballon publicitaire d'une entreprise de parfumerieVérifié

2022 - Elizondo est passé dans une émission de radio et a affirmé qu'un nouveau document "déclassifié" de la NSA montrait des preuves de l'existence d'extraterrestres. En réalité, il s'agissait simplement d'un discours spéculatif non classifié du type "Et si ma tante en avait…" datant de 1966. Vérifié

L'associé d'Elizondo et Sean Cahill (un autre charlatan de la même clique), a présenté une toute nouvelle vidéo "OVNI" sur un podcast et a raconté des histoires paranormales effrayantes.

Des Redditeurs perspicaces ont rapidement compris que la vidéo avait en fait été tournée dans le jardin d'Elizondo, dans le Wyoming, et que "l'OVNI flou" n'était probablement qu'un avion en route vers l'aéroport situé à quelques kilomètres de la maison d'Elizondo. Cahill n'avait jamais partagé ce contexte important. Vérifié
Il semble d'ailleurs que ces "investigateurs" ne connaissent pas les applications FlightRadar24 et ADS-B Exchange… 

Les fanatiques d'OVNI étaient furax, mais Elizondo et Cahill ont esquivé, encore et encore, ils ont même ignoré les critiques, comme à leur habitude. Après tout, s’il y a des gens assez crédules pour les suivre, ils continuent à exploiter le filon. Et ça marche !

2024 - Elizondo affirme dans son livre que de minuscules ovnis fantômes vivaient dans sa maison. Mais il admet n'avoir jamais pris de photos ou filmé. Les fans d'ovnis se demandent pourquoi le plus célèbre enquêteur mondial n'avait jamais enquêté sur les ovnis présents dans sa propre maison... Vérifié

Elizondo s'est adressé à Joe Rogan (l'un des podcaster les plus célèbres aux USA) et a brandi un document gouvernemental en affirmant qu'il s'agissait d'un rapport sur la façon dont "les OVNI sont entrés et ont interféré avec nos armes nucléaires". Mais Steven Greensteen a reçu une copie de ce document précis et le rapport ne mentionne pas les OVNI... DU TOUT ! Vérifié

Lors de sa tournée nationale de promotion de son livre, Elizondo a montré à un public - qui avait payé son entrée - une "vraie photo" d'un "vaisseau-mère" planant au-dessus de "l'ambassade des États-Unis" en Roumanie. Les sceptiques en ligne ont rapidement démystifié la photo comme étant le reflet d'un plafonnier dans une fenêtre d'un bâtiment qui n'était PAS l'ambassade des États-Unis. Vérifié
 

Sous serment, Elizondo s'est contredit devant le Congrès à propos de son implication dans AAWSAP, un programme du Pentagone qu'il prétend (à tort) être un programme OVNI. Vérifié

2025 - Elizondo a présenté au Congrès une autre fausse photo d'OVNI. Il a affirmé que la photo montrait un objet en forme de disque "argenté" de 300 mètres de diamètre qui projetait une grande ombre au sol. Vérifié

Les sceptiques en ligne ont démystifié cela en quelques minutes comme étant simplement des cercles d'irrigation. Plusieurs médias ont publié des articles sur cette fausse déclaration.

Localisation : 38°48'25.6''N103°56'41.1''W Vérifié

Ceci n'est qu'une liste partielle des mensonges d'Elizondo au cours des 7 dernières années. Pourtant, très religieusement, certains dirigeants du Congrès considèrent encore Elizondo comme un "expert" et continuent de dépenser les ressources des contribuables pour ses affirmations sans preuves. La plupart des médias grand public américains, dont le travail est de séparer les faits de la fiction, ont passé les sept dernières années à publier les allégations d'Elizondo avec peu ou pas d'enquête appropriée ni d'esprit critique...


Les chasseurs de fantômes du Pentagone (à voir absolument - doublage fr)

Comme on peut le constater, l'obscurantisme est en marche dans tous les domaines. Prendre le temps de tout vérifier est une activité chronophage qui n'est que rarement lucrative, en tous cas bien moins que celle des escrocs qui exploitent la crédulité des gens. Restons prudents.

Pascal G.

Sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Observations_d%27ovnis_du_Pentagone
https://www.uap-blog.com/skinwalker-ranch-ovnis-bigfoot-robert-bigelow-nids-the-basement-office/
https://www.metabunk.org/home/
https://biais-cognitif.com/#liste

11 juin 2025

AARO : comment les états-unis traitent du sujet OVNI PAN actuellement ?

Dans l’article précédent on a vu comment le Pentagone, durant des décennies, a joué tantôt la surenchère spectaculaire, tantôt le déni organisé, pour protéger ses programmes secrets. L’AARO poursuit désormais ce mélange de transparence apparente et de contrôle stratégique autour des phénomènes aériens et navals inexpliqués (UAP).

Mais qu’est-ce que l’AARO exactement ?

Depuis juillet 2022, le Pentagone s’est doté d’un « guichet » pour recueillir, traiter et analyser les phénomènes inexpliqués : le bureau de résolution des anomalies dans tous les domaines, l'AARO (All-domain Anomaly Resolution Office).
 

 

Sa mission officielle, éviter d’être techniquement pris au dépourvu par une intelligence étrangère en synchronisant la collecte, l’identification, l’attribution et la réponse autour des UAP dans les zones ou sites sensibles.

L’AARO dépend directement du département de la défense par l’intermédiaire du directeur (après Sean Kirkpatrick, depuis décembre 2023, Jon T. Kosloski est en poste). Il est supervisé par un conseil exécutif (AAROEXEC), dirigé par le Sous-secrétaire à l’Intelligence et la Sécurité.

En gros, le but de l’AARO est d’éviter que les États-Unis soient pris au dépourvu par une technologie étrangère avancée non détectée 
(ex. : drones furtifs, aéronefs espions, prototypes exotiques), des phénomènes non identifiés qui pourraient représenter une menace (technique, stratégique, ou militaire), des erreurs d'interprétation dues à un manque de coordination entre agences. Autrement dit : ne pas revivre un "Pearl Harbor technologique" ou une intrusion sur des sites sensibles qui passerait inaperçue.
 


Pour cela il faut synchroniser "la collecte, l'identification, l'attribution et la réponse"

  • Collecte : regrouper toutes les données disponibles, qu’elles viennent de radars militaires, de satellites, de pilotes, de capteurs maritimes, etc.
  • Identification : tenter de déterminer ce que c’est - un drone, un ballon, une illusion d’optique, une signature radar erronée, ou… une vraie anomalie.
  • Attribution : identifier une origine ou un responsable : est-ce une nation étrangère ? Un programme civil ? Un phénomène naturel ? Une technologie inconnue ?
  • Réponse : prendre des mesures concrètes : surveillance accrue, interception, alerte des unités sur le terrain, analyse plus poussée.

"Les zones ou sites sensibles" fait référence aux espaces aériens restreints (bases militaires, centrales nucléaires, sites d’essai), aux zones maritimes stratégiques et à tous les lieux où la sécurité nationale peut être compromise.

Pourquoi cette approche ?

Parce que pendant des années, les signalements de phénomènes inexpliqués étaient dispersés, parfois ignorés ou classés comme non prioritaires. L'AARO vise à centraliser et standardiser la réponse, en travaillant avec plusieurs branches du gouvernement (Défense, Renseignement, Aviation, Marine, etc.).

En résumé :

L'AARO est un mécanisme d’alerte avancée et d’analyse intégrée, conçu pour que les États-Unis puissent mieux détecter et comprendre tout ce qui vole, plonge ou traverse leur espace stratégique - qu’il s’agisse d’un drone espion ou de quelque chose de plus inhabituel.

Principaux rapports et premiers bilans :

  1. Rapport ODNI 2022 : recense 510 cas au 30 août - dont environ la moitié expliqués (ballons, drones…), l’autre moitié reste inexpliquée faute de données suffisantes.
  2. Rapport historique 2024 : passe en revue les programmes depuis 1945 (Sign, Grudge, Blue Book, AATIP…) et conclut à l’absence de preuve d’origine extraterrestre, tout en rejetant l’idée d’un programme secret comme Kona Blue.
  3. Audition et témoignages :
    • En 2023, Sean Kirkpatrick, en tant que chef de l’UAPTF, témoigne devant le Sénat et collabore avec la NASA lors de réunions publiques
    • En 2024, de nouveaux entretiens évoquent l’absence de preuves ET.
      Selon Politico, des théoriciens du complot seraient à l’origine de dépenses inutiles. Politico est un média d’information politique américain, fondé en 2007 et spécialisé dans la couverture de l’actualité politique, des institutions gouvernementales et des enjeux de pouvoir à Washington D.C. C’est une source sérieuse et bien établie, souvent consultée par les décideurs, journalistes et analystes. Politico critiquait le fait que certains législateurs influents - souvent sensibles à des récits sensationnalistes autour des OVNIs ou des « technologies non humaines » - avaient, selon eux, poussé à engager des fonds publics sur des enquêtes aux fondements douteux, parfois inspirées par des théories du complot ou des fuites non vérifiées. Autrement dit, Politico soulignait une forme de dérive politico-médiatique, où la pression populaire ou idéologique peut forcer des institutions sérieuses comme l’AARO à traiter des signalements très faibles ou douteux, au détriment de leur mission scientifique.

Activité opérationnelle et cas en cours

Depuis 2022, des centaines d’enquêtes sont ouvertes ; environ 50 % résolues par des explications classiques comme les ballons ou les avions. L’autre moitié reste inexpliquée, non pas parce qu’extraterrestre, mais en raison de données fragmentaires. 

Un site public est lancé en août 2023, il contient images officielles, les tendances de signalements et une FAQ mais le système de signalement direct est toujours en cours de validation. Une boîte à outils “Gremlin” est créée. Selon The Times, le Pentagone développe des kits portables pour différencier objets classiques, menaces étrangères ou vrais “mystères”. 

En novembre 2024, le directeur Kosloski a reconnu que certains cas constituent de véritables anomalies : autant de phénomènes qui échappent à toute explication actuelle.
 

Pourtant, malgré des tentatives claires de transparence, l’AARO fonctionne toujours dans un cadre très contrôlé. Les signalements du grand public restent sous filtre, tout comme les preuves jugées classifiées et les querelles persistent entre enquête rigoureuse et demandes publiques d’ouverture totale. Des tensions internes existent : Kirkpatrick et ses successeurs dénoncent l’influence de législateurs sensibles au sensationnel, préférant parler d’aliens plutôt que d’analyser les données.

En conclusion

L'AARO incarne la version institutionnelle du virage vers un discours plus sérieux sur les phénomènes inexpliqués, calqué sur les attentes d’un public exigeant mais derrière cette façade, le département de la défense conserve un contrôle étroit des données et de la temporalité de leur divulgation. L’anomalie principale ? La stratégie elle-même : transformer un objet de culture populaire - l’OVNI - en dossier stratégique et sécurisé.

En ce sens, AARO ne fait pas que traiter des anomalies techniques : il constitue une anomalie géopolitique permanente, à cheval entre transparence et mystère institutionnel.

Dans cette affaire, l’enquête la plus dérangeante n’est peut‑être pas celle des phénomènes, mais bien celle du contrôle de l’information.

Pascal G.

9 juin 2025

Révélation OVNI : comment le Pentagone a entretenu un mythe pour mieux cacher ses secrets

Ce n'est pas la divulgation que les ufologues attendaient, c'est plutôt la bombe atomique du mois de juin 2025. Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir alerté nos lecteurs depuis plusieurs années : pendant des décennies, l’armée américaine a sciemment alimenté les rumeurs d’objets volants non identifiés. Objectif : protéger ses projets d’armement les plus secrets. Une enquête révèle les dessous d’une manipulation d’État.

Les soucoupes volantes, les petits gris et les mystérieux survols de la Zone 51 : derrière ces images d’Épinal de la culture américaine se cache une réalité beaucoup plus terre-à-terre… mais non moins troublante. Selon une enquête du Wall Street Journal, le Pentagone a délibérément propagé des informations mensongères sur les OVNI pour détourner l’attention du public - et des puissances étrangères - de ses programmes militaires ultra-secrets.
 

 

 

Un colonel de l’Air Force a ainsi été envoyé, dans les années 1980, dans un bar près de la fameuse base Area 51, pour y distribuer de fausses photos d’OVNIs. Objectif : alimenter les légendes locales et masquer le développement de nouveaux avions furtifs, comme le F-117 Nighthawk, au design révolutionnaire. Une opération de désinformation officielle, menée en territoire national.
 

 

 

Ce n’est pas un cas isolé. Depuis les années 1950, les forces armées américaines ont laissé prospérer — voire encouragé — des récits autour de technologies extraterrestres, parfois même auprès de leurs propres officiers. Dans un rituel de bizutage bien établi, certains commandants de programmes secrets recevaient un faux briefing sur un prétendu projet de rétro-ingénierie d’un vaisseau alien. Beaucoup ont cru à cette supercherie toute leur carrière.

Cette stratégie a aussi visé à protéger des tests sensibles. En 1967, un capitaine de l’Air Force en poste dans un silo nucléaire du Montana affirma avoir vu un engin lumineux survoler les lieux, juste avant que tous les missiles ne soient désactivés. Ce qu’il prenait pour une visite extraterrestre était en fait un test militaire d’impulsions électromagnétiques destiné à évaluer la vulnérabilité des systèmes de défense américains.
 

Missile LGM-30G Minuteman III au musée de la base aérienne de Malmstrom dans le Montana, États-Unis
Missile LGM-30G Minuteman III au musée de la base aérienne de Malmstrom dans le Montana, États-Unis

Ce genre d’expériences n’a jamais été révélé aux témoins, tenus au secret. Résultat : même aujourd’hui, certains d’entre eux restent persuadés d’avoir été les témoins d’un contact du troisième type.



Le témoignage de ces militaires au National Press Club en 2010


Un bureau d’enquête du Pentagone, l’AARO (All-domain Anomaly Resolution Office), a été chargé d’examiner l’ensemble de ces récits historiques. Il a eu accès à des archives classifiées remontant à 1945 et à de nombreux témoignages. Son rapport, publié en 2024, a conclu qu’aucune preuve d’origine extraterrestre n’existait. Mais il a également omis certains faits dérangeants - comme les faux programmes ou les rituels de bizutage - à la demande notamment de l’Air Force.

Les révélations récentes, qui n’ont pas encore toutes été rendues publiques, posent une question vertigineuse : le gouvernement américain a-t-il, en voulant protéger ses secrets, semé la paranoïa dans sa propre population ? Voire dans ses propres rangs, où de hauts gradés croient désormais à ces fictions ?

Une deuxième partie du rapport de l’AARO est attendue dans les mois à venir. Mais déjà, les théories du complot sur les OVNIs - autrefois nourries par la science-fiction - trouvent aujourd’hui une forme de validation paradoxale : ce ne sont pas les extraterrestres qui étaient là… mais bien la main de l’État.

à suivre...

1 mai 2024

Les OVNI et les extraterrestres, quoi de neuf ?

Les OVNI, c’est le marronnier des mois de Juin depuis plus de 70 ans et comme chaque année on recommence, on reparle de ces phénomènes aériens non identifiés, le plus souvent des cas anciens - ceux qui ont marqué notre jeunesse. Ils reviennent en couverture des magazines et journaux à sensations avec toujours ce réflexe tenace qui consiste à associer OVNI et visites extraterrestres. Côté preuves matérielles, quoi de neuf ? Hormis les spéculations à outrance et le business de l’ufo-divertissement, il n'y a toujours rien, absolument rien de probant à se mettre sous la dent à ce jour.
 


2023 restera gravée dans nos mémoires comme étant l’année de la mise en lumière de ces tristes clowns qui exploitent les affaires UFO / UAP (OVNI / PAN) pour la gloire et le profit, jusqu’à gangrener les instances américaines au sein même du Pentagone.

C'est difficile à admettre mais il existe une frange de personnalités très médiatiques, qui s'est faite la spécialité de profiter de la crédulité de certains élus, des pilotes, des militaires, des membres du renseignement, pour forcer le congrès à financer une étude sur des preuves de visites extraterrestres. Une divulgation (disclosure en anglais) attendue et devenue nécessaire pour l'opinion populaire. Mais divulguer quoi en fait ?

Sous cette pression populaire, la NASA s’y colle. Est-ce un progrès ? Oui assurément mais peut-être pas pour tout le monde car la NASA veut des données qui font cruellement défaut.


Pour les enquêteurs de terrain - ceux qui collectent les données - l'hypothèse extraterrestre n’est jamais envisagée car elle n'est pas utile. La source du mystère est presque toujours une erreur d’évaluation (vitesse, distance, dimension, altitude) une méprise, un artéfact bien de chez nous, un phénomène météo ou astronomique, un contexte singulier, unique pour le témoin qui déclare souvent un "je n'ai jamais vu ça" comme s'il s'agissait d'un tampon d'authenticité. En réalité d'autres l'ont vu mais n'ont rien dit car eux, l'ont identifié (cela arrive très souvent).

Quand on entre dans les détails des rapports circonstanciés, les observations confirmées par des données objectives ne démontrent pas un comportement anormal, une anomalie de trajectoire ou de forme, qui obligeraient à envisager l’hypothèse extraterrestre comme seule et unique explication possible à une observation insolite.
 


Le constat est terrible pour l’ufologie : une littérature s’accumule depuis des décennies, composée de collections de témoignages rarement sourcés, mis à l’épreuve ou vérifiés. On constate que les articles relayés sont malheureusement souvent transformés au fil des éditions.
 


On y traite de cas invérifiables, lointains, anciens, inaccessibles. On ne garde que ceux qui servent à entretenir des croyances, des valeurs et théories pour le moins suspectes et de nos jours, tels les tabloïds d'antan, les réseaux sociaux, temples de la crédulité contemporaine, s’en donnent à cœur joie en transformant ces récits de manière spectaculaire. 

Que penser de ces Rencontres du 3e type, de ces crashes de vaisseaux spatiaux, de ces enlèvements par des extraterrestres venus sonder nos plants de lavandes et de ces prétendus contacts télépathiques ? Oui, c’est tentant de mélanger les genres  - observations de PAN et rencontres d'humanoïdes (RR3) - mais les données sont bien différentes !
 


Apophénie quand tu nous tiens !

D’un côté des « accidents visuels » explicables après analyse ; de l’autre, des témoins seuls ou dépendants, sans preuves ni données concrètes. L’amalgame de ces deux types d’évènements distincts participe depuis toujours au mythe des visites extraterrestres. Cette corrélation est un fourre-tout de l'ignorance, une facilité intellectuelle. Pas la peine de vérifier, c'est un coup des aliens.

Pourtant, depuis 30 ans, on remarque la disparition progressive de récits d’enlèvements et de crashes d’OVNI. Pourquoi ? Notre environnement moderne, vidéo-surveillé, serait-il trop dangereux pour ces visiteurs interplanétaires ? Les signalements ne sont plus du tout spectaculaires. Les ovnis «tôles et boulons» c’est bel et bien fini. Maintenant on se contente de lumières lointaines, de formes floues : ça fait rêver et ça rapporte.
 


Les militaires s'intéressent aux OVNI

Certains s’en étonnent. C’est pourtant légitime : la surveillance d’incursions d’aéronefs non identifiés dans l’espace aérien, est une de leurs missions essentielles. Nul besoin d’extraterrestres pour justifier la rétro-ingénierie ou le secret. L'espionnage, la surveillance et le sabotage ont toujours existé. Les crashes, les tests, les essais, les exercices militaires obligent à récupérer les débris encombrants dans le plus grand secret, quitte à laisser planer le doute sur leur origine. C'est pratique.

Alors pourquoi l’ufologie ?

L’attrait du mystère, la maîtrise d’outils et de méthodes qui demandent à se former régulièrement dans divers domaines, tous passionnants (ciel, météo, astronomie, astronautique, aéronautique, optique, etc.). Le plaisir de rencontrer des gens très différents, de tous horizons, pour la plupart de bonne foi et sincèrement affectés par ce qu'ils ont vu. Le petit espoir qu'un jour des visiteurs extraterrestres viennent bouleverser notre conception du monde ?

Depuis 15 ans, OVNI66 répond aux témoins locaux, dans les Pyrénées-Orientales (66), avec des enquêtes de proximité pour reconstituer le contexte de l'observation dans les 48/96h si possible, au plus tard dans les 3 mois. Il y a plein de raisons qui justifient le choix de ne traiter que les cas locaux et de le faire rapidement mais cela fera l'objet d'un autre article.

On ne traite pas les OVNI comme un phénomène global.

On travaille au cas par cas. Chaque témoignage est considéré comme unique.
Et cela porte ses fruits ! Quand l’observation est récente, traitée rapidement (96h), dans un environnement familier, avec un réseau de vérification fiable, on atteint les 100% de résolution ! Quand le témoignage est ancien, on tombe à 97%, souvent par manque de données.
 

Les témoins informés par les conclusions d’enquêtes sont plutôt satisfaits (quelques rares déçus). Jouer au détective, patauger dans l’inexpliqué, résoudre une affaire ou offrir la meilleure hypothèse est un exercice enrichissant et passionnant que je recommande à tous les curieux.

Les outils d'aujourd'hui, à la portée de tous permettent de vérifier l'état du ciel au moment de l'observation : avions, aéronefs, mouvements militaires, satellites, réseaux d'astronomes, météo, tout est accessible pour peu que l'on s'y intéresse. Sans oublier que maintenant, chacun dispose d'un appareil photo dans la poche, qui contient en plus, toutes ces applications utiles.

Le plus chronophage dans l’ufologie, ce sont les débats stériles entre croyants et sceptiques. Pas facile d’admettre qu’aucune preuve matérielle n’appuie l’hypothèse extraterrestre. Pas facile d’accepter que la plupart des bouquins du rayon ufologie sont très critiquables. J'ai lu tous les bouquins ci-dessus, tirés de ma bibliothèque personnelle et il faut avouer que très peu (il y en a) ont suivi des méthodes rigoureuses d'investigation pour vérifier tous les détails des témoignages. Beaucoup ne sont que des collections d'articles déjà parus, déformés par le filtre de chacun.

Croire ou savoir ?

Cet engouement injustifié en faveur de l’hypothèse extraterrestre, ces lanceurs d’alertes américains qui savent très bien ce que d’autres ont vu, ces rumeurs extraordinaires qui fleurissent ici et là. Il est temps que la science s’en mêle avec prudence pendant que d'autres s’emmêlent avec leur foi.

La NASA, un progrès ?

On ne peut pas résumer l’intervention de l’équipe choisie par la NASA en quelques mots mais j’ai l’impression que les deux dernières éditions du CAIPAN organisées par le CNES/GEIPAN n’ont rien à lui envier. L’esprit est le même avec une volonté de normaliser les données et de les partager.

Une plateforme centraliserait ces données, issues de capteurs existants ou à créer, pour caractériser et identifier ce qui sera possible. Des IA seraient sollicitées pour analyser ces millions de photos fournies par les satellites d'observation et caméras de surveillance. Des capteurs disséminés sur le continent américain scruteraient la moindre incursion aérienne. Ces solutions sont envisagées et certaines sont déjà engagées. Contrairement au GEIPAN, le témoignage humain est mis de côté car jugé non fiable. La science dure est mise en avant, tout comme au CNES.

Actuellement aucune donnée ne permet d’envisager l’hypothèse de visiteurs extraterrestres : la NASA n’a rien qui puisse l’appuyer (idem pour le CNES/GEIPAN). Le besoin d’identifier les PAN est nourri par la curiosité scientifique, la sécurité aérienne civile et militaire (car les incursions étrangères existent bien). Résoudre ces observations provisoirement inexpliquées n'en reste pas moins passionnant et si un jour nous sommes réellement visités, c'est avec un esprit critique que nous pourrons l'appréhender convenablement.

Suite de l'actualité ufologique (généralités)

9 novembre 2011

C'est officiel : les Etats-Unis n'ont pas de contacts avec des extraterrestres

C'est officiel : les Etats-Unis n'ont pas de contacts avec des extraterrestres
La Maison Blanche n'a pas écarté l'idée de l'existence d'extraterrestres dans une galaxie très lointaine mais a certifié lundi [07/11/2011 ] n'avoir aucune preuve de prise de contact avec des humains. Cette déclaration tout à fait insolite de la part...
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