OVNI66 filtre volontairement les témoignages OVNI/PAN
(mise à jour du 31 décembre 2021)
Nous n'enquêtons plus pour les observations suivantes :
- hors du département des Pyrénées-Orientales (66)
- flash dans le ciel ou éclairs, foudre (sans autre évènement)
- sillage, traînée de condensation, nuage, fumée (sans autre évènement)
- sphère ou point lumineux blanc, en altitude avec ou sans sillage
- lumière (ou sphère lumineuse) avec trajet rectiligne et vitesse constante
- lumière pas plus grosse qu'une étoile, statique dans le ciel
- objet, sphère ou lumière évoluant de manière erratique au gré du vent (seul ou en grappe)
- lumière ou objet dont la taille apparente est inférieure à 3 mm (bras tendu)
- lumière lointaine estimée à + de 1000 m du témoin
- durée de l'observation inférieure à 6 secondes et sans effet connexe
- photo "surprise" (intrus dans une photo, sans témoin oculaire)
- vidéo sans témoin oculaire (intrus remarqué a posteriori) ni effet connexe
- détonations, odeurs ou bruits non identifiés (sans autre évènement)
Ainsi que :
- celles des nuits du 1er avril, du 21 au 24 juin, 13-14 juillet et 31 décembre
- celles dont la date est approximative
- les témoignages de seconde main (non directs)
- l'impossibilité de contacter le témoin principal
- les témoignages anonymes
(OVNI66 s'engage à respecter l'anonymat mais doit pouvoir contacter le témoin)
Ce filtrage permet d'éliminer les témoignages peu consistants et de trop nombreuses méprises.
Si votre témoignage concerne l'une des conditions précitées, nous ne donnerons pas suite à votre rapport sauf si le cas présente un intérêt pédagogique ou démonstratif.
Pour tout autre phénomène non identifié, envoyez votre rapport par mail
L'OVNI de 1973 en Cerdagne, un vieux cas qui donne du fil à retordre !
Mise à jour du 14/06/2018 :
le ballon stratosphérique à l'origine du témoignage OVNI identifié !
Un OVNI dans le ciel, le matin du 6 octobre 1973, observé depuis Bourg-Madame
On se souvient de ce cas retrouvé dans un vieux catalogue de l'association ufologique VERONICA par Patrice et diffusé récemment sur ce blog. Le récit est ancien (06/10/1973), les témoins introuvables. À l'époque, l'observateur principal décrivait un phénomène statique dans le ciel en direction du Nord-Est, depuis Bourg-Madame.
Le croquis qui illustre le rapport dramatise quelque peu le contexte. On sait maintenant qu'il n'a pas été dessiné par le témoin lui-même. C'est l'infographiste du VERONICA qui a interprété les commentaires du témoin. Le style "naïf" du coup de crayon augmente le niveau d'étrangeté perçu par les lecteurs du rapport.
Extrait du rapport VERONICA :
"M. L. distingue la carlingue d'un appareil grisâtre de la grosseur de la "lune vieille", muni à sa base de hublots comme un train de nuit. La base extrême de l'appareil s'illumine de couleurs mélangées, un peu comme l'arc en ciel, avec des dominantes violets et orange. Puis des sortes de résidus enflammés tombent lentement de l'OVNI à la verticale. L'engin disparait subitement, bien que le champ visuel de M. L. avec ses jumelles soit large de plus de 10 km, une ou deux secondes à peine après l’extinction des deux phares. Quant aux résidus, 3 seulement descendirent au sol, le 4e resta en l'air".
Consulter les journaux de l'époque :
Le rapport ne mentionne ni le nom des témoins ni ses sources et malgré notre appel à témoins en février 2018, personne ne s'est manifesté pour apporter des éléments complémentaires. Profitant d'un jour de congé, je décide d'aller passer l'après-midi aux Archives Départementales de Perpignan pour consulter le quotidien régional de l'époque. Pour commencer, il fallait vérifier s'il existe une trace publique de ce témoignage OVNI ou de tout autre évènement aérien inhabituel survenu ce jour-là dans le sud de la France.
On a retrouvé un article de l'époque, paru le lendemain dans l'Indépendant le 7 octobre 1973 :
Le récit de l'Indépendant est beaucoup moins sensationnel que le rapport VERONICA :
"Un gros point fixe extrêmement lumineux est apparu au-dessus des cimes. L'examinant à la jumelle, alors que le soleil se levait, l'observateur a pu distinguer une silhouette de forme semi-sphérique, parfaitement immobile, présentant deux points lumineux très intenses. Brusquement à 07h02, l'objet a semblé manoeuvrer en zig-zag à la verticale et se désagréger*, libérant trois éléments lumineux de faible puissance qui sont descendus vers le sol. Il n'est alors demeuré dans le ciel, à l'endroit initial, qu'un seul point lumineux de faible intensité."
On remarquera la dernière phrase de l'article : "On se pose la question de savoir si c'était une soucoupe volante ou un ballon sonde". L'auteur proposait déjà une alternative à la soucoupe volante. En effet, la description est compatible avec la présence d'un ballon sonde en haute altitude, assez haut pour être observé par des témoins au sol éloignés.
Il existe de nombreux type de ballons de dimensions différentes selon l'altitude à atteindre et le poids du matériel scientifique à emporter.
© Red Bull Stratos, Roswell, 25/07/2012
© CNES/IMBERT Christian, 2010 - Ballon stratosphérique ouvert (BSO)
© CNES : les différents types de ballons
Y avait-il un ballon ce jour-là, dans l'axe indiqué ?
Revenons aux Archives Départementales consulter les journaux du mois d'octobre 1973, riches en évènements politiques, aéronautiques et spatiaux. Nixon était en plein scandale du Watergate, en phase de destitution, Jean d'Ormesson entrait à l'Académie Française parmi les immortels, les scientifiques russes avançaient l'hypothèse de "signaux extraterrestres" pour expliquer de mystérieuses émissions radio venues des étoiles (on saura plus tard qu'il s'agissait de pulsars). Le CNES présentait de nouveaux ballons captifs géants destinés à la Guyane. La rubrique "les coulisses de l'étrange" a retenu toute notre attention :
Article paru le 8 octobre 1973
Cette rubrique de l'insolite ne précise ni la date exacte, ni l'heure de l'accident aérien
Reprenons le texte encadré :
"Un ballon stratosphérique lancé par le Centre National d’Etudes Spatiales d’Aire-sur-Adour a éclaté à 42000 mètres d’altitude et s’est écrasé dans la vallée du Rhône. La plus grosse partie, environ une tonne de matière plastique est tombée dans un champ de Chabeuil (Drôme). D’autres éléments du ballon sont tombés près d’Alès (Gard) et Pisançon (Hautes Alpes). Les appareils de mesure, d’un poids total de 180 kilos, se sont écrasés à proximité de Bourg-de-Péage (Drôme)." Cet article du 8 octobre 1973 ne précise, malheureusement, ni la date ni l'heure de l'accident aérien.
Malgré la précision des articles diffusés les 7 et 8 octobre 1973 dans le même quotidien, le journal n'a pas fait le lien entre les deux évènements qui se sont pourtant produits, probablement, le même jour. Pour s'en assurer, il faut maintenant identifier ce ballon et comparer les dates et heures.
L'article mentionne le centre de lancement du CNES à Aire-sur-l'Adour, ce qui devrait faciliter grandement les recherches. Aire-sur-l’Adour a été le 1er site de lancement de ballons du CNES. Dès les années 1970 et jusqu’en 2007, plusieurs dizaines de ballons stratosphériques (BSO) étaient lâchés chaque année.
le centre d'Aire-sur-l'Adour en septembre 1973
On adore cette vidéo qui présente le centre de lancement tel qu'il était à l'époque, avec des explications sur la manière dont les ballons sont préparés, lâchés, suivis et récupérés. Ce court reportage de 10 minutes est vraiment opportun ! À 8'14" apparaît le tableau du planning des vols ; à 8'50'', il est expliqué pourquoi les ballons au sol ont une forme très allongée : seulement 1/300e du volume est gonflé. En effet le ballon prendra sa forme définitive (en goutte d'eau) en prenant de l'altitude sous l'effet de la dilatation des gaz (hélium ou hydrogène selon le cas). Il va s'arrondir au fur et à mesure de son ascension.
Comprendre et interpréter le témoignage :
Le témoin décrit "des sortes de résidus enflammés tombent lentement de l'OVNI à la verticale". Quand on lit cette phrase, on peut l'accepter au premier degré ou essayer de comprendre ce qui peut provoquer une telle perception. Avec l'hypothèse d'un ballon stratosphérique à 40 km d'altitude, il faut tenir compte de l'heure : c'est l'aube. Le soleil est déjà levé pour le ballon (l'objet est situé au NE du témoin, en haute altitude). Le témoin au sol est encore dans une légère pénombre, le matériel qui chute est illuminé par le soleil levant, donnant aux différents équipements lestés, un aspect "rougeâtre" et "enflammé". Il faut aussi tenir compte de la peinture orange des petites nacelles et boîtes qui permet de les retrouver plus facilement après leur chute.
L'hypothèse du ballon stratosphérique, l'heure de l'observation et l'altitude élevée de l'objet permettent d'expliquer les notes qui accompagnent le dessin du rapport VERONICA :
- résidus enflammés (morceaux éclairés par le soleil levant)
- hublots (franges du ballon, plis réguliers de la toile avec une alternance ombre et lumière)
- avancées sur les extrémités (manchons de gonflage ?)
- luminosité rougeâtre (éclairé par le soleil levant)
- chute très lente (plus l'altitude est élevée, plus la chute paraît lente ; des petits parachutes ralentissent la retombée du matériel)
Vérification auprès du CNES (mise à jour du 14 juin 2018) :
Grâce à la tenacité de Brigitte, nous savons enfin quels ballons stratosphériques ont été lâchés dans cette période. Voici les informations recueillies directement du centre de lancement d’Aire-sur Adour, plus précises que celles trouvées dans les archives à Toulouse :
- 04 octobre 1973 (vol 64) : lancement Aire-sur-Adour 7h17 HL, lieu de chute du ballon (éclatement ballon) Montvendre (26) sur une ligne téléphonique en bordure du chemin vicinal n°9 reliant Barcelonne (26) à Montvendre (PV de la gendarmerie de Chabeuil (26) ; ce lâcher est probablement celui dont par l'article dans la rubrique "Les coulisses de l'étrange" de l'Indépendant.
- 05 octobre 1973 (vol 65) : lancement Aire-sur-Adour 2h18 HL, lieu de chute du « bifilaire » (le cordon qui relie le ballon à la nacelle) sur une ligne électrique 15kw à St Privat des Vieux (30) ;
- 06 octobre 1973 (vol 66) : lancement Aire-sur-Adour 1h09 HL, retombée de la charge utile à 6 Km de Bédarieux.
C'est ce dernier lâcher, le vol 66 (ça ne s'invente pas) qui nous intéresse : il est parti le 6 octobre 1973 à 1h09 heure locale. Sachant que le temps de vol dure maximum 6 heures, on tombe dans la fourchette horaire de l'observation de l'OVNI, entre 6h40 et 7h02, ce qui correspond à l'heure de l'éclatement du ballon et de la chute de ses instruments à Bédarieux au NE du témoin, à 100 km de distance, dans la direction indiquée.
L'affaire est classée.
Pour en savoir plus sur les ballons stratosphériques :
- les phases de vol d'un ballon BSO
- enveloppe et nacelle d'un BSO
- les différents types de ballons
- Ballons : des véhicules gonflés !
- Ballons stratosphériques ouverts (BSO)