24/11/2014 - Drones et installations nucléaires : ces objets dont tout le monde parle mais que personne ne veut montrer
OPECST : Drones et sécurité des installations nucléaires
Le 24 novembre 2014, l'OPECST* invitait différents intervenants en commission pour discuter des drones et de la sécurité des installations nucléaires. On y apprend entre autre qu'un drone aurait été suivi par des gendarmes en hélicoptère - sans qu'ils n'aient pu l'atteindre - et qu'à Golfech, un "drone" survolant la centrale a été poursuivi par des gendarmes au sol, en vain.
Y. Rousselet : "ces objets dont tout le monde parle mais que personne ne veut montrer"
[1:55:00] Yannick Rousselet (Greenpeace) :
"(...) J'entends parler par-ci par-là de petits drones, de drones légers, que le risque est faible (...). Le fait qu'il y ait de nombreuses intrusions concertées nous met dans l'inquiétude. Je rappelle tout de même que le 31 octobre au soir on entend parler de 6 sites survolés en même temps, on a quand même des témoignages de gendarmes sur le site de nucléaire de Creys-Malville qui parlent de survols dans des conditions météo de vents de 70 km/h et avec de la pluie, on a des hélicoptères à Golfech qui suivent pendant 9 km ces drones, il y a au moins un drone qui circule entre Flamanville et l'établissement AREVA de la Hague sur 18 km, ce qui veut dire que là, la thèse de petits drones, petits jouets ne tient pas. (...). "
[1:57:35] Le Président de la Commission :
"On nous a dit l'inverse tout à l'heure, qu'il n'y a pas eu d'hélicoptères qui aient suivi des drones, on a posé la question, donc d'où tenez-vous vos sources ?"
[1:57:52] Yannick Rousselet (Greenpeace) :
"Écoutez, dans tout gendarme il y a un citoyen qui sommeille et il peut supposer que la centrale nucléaire située près de chez lui n'est pas au top de la sécurité et il peut régulièrement nous appeler ainsi que des agents EDF ; nous avons donc des témoignages, ils ont sûrement moins de valeur que ceux des services de l'état. Les services de l'Etat pourraient vous montrer à vous parlementaires les photos et vidéos dont ils disposent, vous auriez un peu plus d'informations et plus de transparence. Nous savons qu'elles existent et il aurait été souhaitable que ces photos et vidéo soient aujourd'hui produites puisque nous avons des professionnels de drones, ils auraient peut-être pu vous aider sur la capacité de ces objets dont tout le monde parle mais que personne ne veut montrer. Nous savons que ces images existent puisqu'à Flamanville ces objets ont été filmés et photographiés. Il suffirait de montrer les choses pour avoir un peu plus de transparence."
"Je maintiens qu'aucun hélicoptère n'a été en concomitance avec un drone au-dessus d'une centrale."
[2:02:00] Général de Brigade (Gendarmerie Nationale) :
"Je maintiens qu'aucun hélicoptère n'a été en concomitance avec un drone au-dessus d'une centrale (...) en revanche, M. Rousselet a raison lorsqu'il évoque l'épisode de Golfech où effectivement la gendarmerie a pu suivre un drone, c'était à partir du sol, non pas à partir des airs, en effet pendant plusieurs kilomètres, le PSPG a pu suivre par voiture ce drone avant qu'il ne disparaisse."
[2:07:57] Denis Beaupin (député) :
"Qui est derrière cette opération de survols ? (...) Aujourd'hui, nous ne savons toujours pas comment des gens peuvent organiser le survol d'installations nucléaires pendant des semaines et des semaines en échappant à l'ensemble des services de surveillance du pays. (...) La préoccupation est sérieuse. (...) Le fait qu'on ne sache pas qui est derrière cette opération, après tant de temps, après tant de services mobilisés, de mon point de vue, c'est particulièrement préoccupant. "
Qui peut se permettre des intrusions concertées dans notre espace aérien ?
L'hypothèse "espionnage par une puissance étrangère" semble la meilleure. Elle justifierait que les autorités ne publient pas les photos et vidéos de ces objets volants non identifiés - qualifiés de drones - dont l'autonomie et la capacité de déplacements dépassent celle de jouets et modèles radiocommandés classiques. Il semble que la piste s'oriente maintenant vers quelque chose de bien plus sérieux que l'hypothèse "militants écologistes" ou "passionnés d'aéromodélisme".
Lien vers la vidéo intégrale de l'Assemblée Nationale (2h44 ) :
http://videos.assemblee-nationale.fr/video.6118
*OPECST : l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) est né en 1983 du constat, par l’Assemblée nationale et le Sénat, qu’ils n’avaient pas toujours les moyens d’apprécier la portée de la politique et des projets gouvernementaux dans des domaines très techniques. Les deux assemblées ont donc décidé de se doter d’une délégation interparlementaire, l’OPECST, chargée d’éclairer l’action du Parlement en matière scientifique et technologique. À cette fin, l’Office recueille des informations, met en œuvre des programmes d’études et procède à des évaluations. Il peut être saisi par le Bureau de l’une des deux assemblées, par un président de groupe, par soixante députés ou quarante sénateurs ou par une commission. Composé de dix-huit sénateurs et dix-huit députés, l’OPECST est présidé alternativement par un sénateur et par un député. Il est assisté par un conseil scientifique formé de personnalités choisies en raison de leurs compétences.